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Gadancourt au XVIIIe siècle, naissance d’un château de famille

Au siècle des Lumières, la famille Roger de Gadancourt, issue de la magistrature et de la noblesse de robe, donne au château son allure actuelle : celle d’une grande demeure familiale à la campagne, tournée vers la nature.

Gadancourt au XVIIIe siècle, naissance d’un château de famille

Au siècle des Lumières, la famille Roger de Gadancourt, issue de la magistrature et de la noblesse de robe, donne au château son allure actuelle : celle d’une grande demeure familiale à la campagne, tournée vers la nature.

François-Jean Roger, le fondateur

FRANÇOIS-JEAN ROGER, LE FONDATEUR​Les Roger sont une famille de magistrats, originaire de Montoire dans le Vendômois, qui a accédé à la noblesse de robe par les charges. Secrétaire du roi, notaire au châtelet de Paris, conseiller du roi en la grande chancellerie, François-Jean Roger a épousé Charlotte-Marie Mirey, fille d’un échevin de Paris qui fut le marchand de vin du régent Philippe d’Orléans. Prenant possession des lieux, le nouveau seigneur commence par faire abattre le vieux bâtiment central, menaçant ruine. Un dessin de 1753 nous montre le château au lendemain de cette opération, avec ses deux pavillons isolés. S’il a choisi Gadancourt pour en faire la terre principale de sa famille, François-Jean Roger séjourne peu sur place, préférant sa demeure parisienne de la rue Saint Merry. Il y meurt fort âgé, en 1780, non sans avoir précisé qu’après son décès il souhaite qu’on le laisse sur son lit durant deux jours, et qu’avant de l’enterrer on lui donne quelques coups de rasoir sur la plante des pieds, afin de s’assurer de son état avec certitude…
En 1757, il avait offert la seigneurie, la terre et le château de Gadancourt à son fils unique Pierre-Victor, à l’occasion de son mariage avec Thérèse-Félicité Devin de Fontenay, fille de Jacques-René Devin, conseiller secrétaire du roi, seigneur de Fontenay-aux-roses. Tandis que les princes de Condé et de Conti signent au contrat, la mariée apporte 200 000 livres en dot à son mari, qui ne seront pas de trop pour embellir Gadancourt.

Pierre-Victor Roger de Gadancourt, le bâtisseur

PIERRE VICTOR ROGER DE GADANCOURT, LE BÂTISSEUR​Le château actuel est donc l’œuvre de Pierre-Victor Roger de Gadancourt, maître ordinaire à la chambre des comptes. Le nouveau seigneur est un gentilhomme élégant et lettré, très représentatif du siècle des lumières. Il veut faire de Gadancourt une demeure de plaisance, ouverte sur la nature, et c’est lui qui imagine le château tel que nous le voyons aujourd’hui. Entre 1760 et 1766, il fait relier les deux pavillons par un nouveau corps de logis à double exposition, en harmonie avec le style architectural des parties conservées.

Le rez-de-chaussée comprend alors une bibliothèque garnie de tous les livres à la mode, un salon d’automne, un salon d’été, un vestibule, une salle à manger, l’appartement du maître de maison, comprenant « une salle de bain avec baignoire et chaudière », et un billard, le tout en enfilade. Au premier étage, une suite de chambres se succèdent, orientées principalement vers le jardin, dont celle, tout au nord, de la dame de Gadancourt.

Un personnel nombreux travaille au château. Les principaux serviteurs, qui ont chacun leur chambre dans les communs, sont le concierge, la cuisinière et la lingère.

Un abbé demeure également sur place, chargé de l’éducation des trois fils de Monsieur de Gadancourt, Alexandre-François, Athanase-Victor et Pierre-Frédéric. Il a sa chambre au second étage du pavillon sud.

Pierre-Victor Roger de Gadancourt réaménage également le parc, sur trois niveaux. Devant la maison à l’est, il fait couper le taillis, avec l’idée de créer un parterre de broderie à la française. Dans le haut du parc, il fait planter un vaste rectangle de tilleuls en quinconce, toujours visible aujourd’hui. Dans le bas du parc enfin, il installe un potager, auquel conduisent deux allées bordées de charmilles.

Le terrassement de la partie centrale n’ayant jamais été achevé, c’est une vaste prairie en pente, dans l’esprit des parcs à l’anglaise, qui structure aujourd’hui la perspective du jardin.

Pour relier le village de Gadancourt au village voisin d’Avernes, dans lequel il possède des terres, Pierre-Victor Roger de Gadancourt fait également planter deux allées cavalières en bordure de route, « les allées de Gadancourt », délimitée par quatre alignements de tilleuls. Cette promenade rectiligne, toujours visible aujourd’hui, sert de trait d’union entre les villages de Gadancourt et d’Avernes, désormais fusionnés en une seule commune.

En 1770, devenu veuf, Pierre-Victor Roger de Gadancourt se remarie avec Agnès de Monsures, veuve d’Etienne de Baroille, frère du seigneur de Nucourt. De son premier mariage, la nouvelle dame de Gadancourt a une fille, Agnès-Angélique, qui épouse en août 1785 Jacques de Monthiers, lieutenant général du bailliage de Pontoise. C’est dans leur maison que seront cachées, pendant la révolution, les reliques de la bienheureuse Marie de l’Incarnation, Madame Acarie, la fondatrice du carmel de Pontoise. Le 12 septembre 1782, Pierre-Victor Roger de Gadancourt a fait une nouvelle acquisition : le château et la seigneurie de Villers-en-Arthies, qu’il destine à son fils aîné Alexandre-François. Lors de la révolution, le ci-devant seigneur de Villers ne prend pas part aux évènements politiques. Cela ne l’empêche pas d’être victime d’une dénonciation anonyme, dans laquelle on l’accuse d’être « parent d’émigré » et de conspirer avec l’ancien garde des sceaux Hue de Miromesnil. Arrêté pendant la terreur à Saint-Germain-en-Laye où il s’était retiré, il échappe in extremis à l’échafaud, au moment où un messager venu de Paris, « à pointe de cheval », annonce la chute de Robespierre.

Si l’on excepte le martelage du blason des Roger de Gadancourt -d’azur au coq vigilant d’argent sur un rocher de six coupeaux du même- sur les frontons du corps de logis, comme l’exige alors la loi, le château de Gadancourt réussit à traverser sans encombre la période troublée de la Révolution.