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Le XXe siècle ou le temps des orages

En 1900, le château de Gadancourt forme le cœur d’un domaine agricole prospère, qui fait vivre et travailler plus d’une trentaine de personnes. Nul n’imagine alors l’ampleur des cataclysmes qui s’annoncent…

Le XXe siècle ou le temps des orages

En 1900, le château de Gadancourt forme le cœur d’un domaine agricole prospère, qui fait vivre et travailler plus d’une trentaine de personnes. Nul n’imagine alors l’ampleur des cataclysmes qui s’annoncent…

Le XXe siècle ou le temps des orages

En 1900, le château de Gadancourt forme le cœur d’un domaine agricole prospère, qui fait vivre et travailler plus d’une trentaine de personnes. Nul n’imagine alors l’ampleur des cataclysmes qui s’annoncent…

Le vicomte Joseph de Boury

Photo de mariage de Joseph Boury et Beatrix de GalembertEn ce début du XXe siècle, le jeune Joseph, fils unique de Guillaume et Louise de Boury, est un sujet brillant, promis au plus bel avenir. Il aurait rêvé d’une carrière militaire, mais ses devoirs à Gadancourt l’ont conduit à suivre les cours de l’Institut national d’agronomie (Agro) en candidat libre afin de se préparer à reprendre le domaine, patiemment agrandi et embelli par son aïeul Octave. En janvier 1914, il épouse Béatrix de Galembert, fille du comte Gustave de Bodin de Galembert et de la comtesse née Marie T’kint de Roodenbeke. La jeune mariée est née à Shanghaï en 1892, où son père a fait carrière dans les douanes et les postes chinoises. A peine rentré de son voyage de noces en Italie, c’est avec enthousiasme que Joseph de Boury rejoint le front lorsque la guerre éclate, en août 1914.

Sous-lieutenant au 328e régiment d’infanterie, chef d’une section de mitrailleuses, Joseph s’illustre en particulier dans l’Argonne, le 28 septembre, lors de l’affaire de la ferme de Melzicourt. Il y gagne sa première citation pour avoir « par son sang-froid et son énergie, ralenti la marche d’une attaque ennemie pendant le mouvement de repli de la compagnie avec laquelle il se trouvait dans la ferme de Melzicourt, secondant ainsi très énergiquement le capitaine de la compagnie, blessé au bras. Il a, en outre, dans l’après-midi, coopéré efficacement à la reprise de Melzicourt, en prenant le commandement d’une section d’infanterie dont le chef était blessé. »

La bataille de Verdun

Désormais affecté au 128e régiment d’infanterie, le sous-lieutenant Joseph de Boury participe à ce qu’on n’appelle pas encore la bataille de Verdun. En avril 1915, il est engagé au point culminant de la crête des Eparges. L’ascension du piton a été laborieuse, écrit-il à sa femme ; balles et shrapnells pleuvaient. Les Allemands sont en face de nous, sur une crête de 250 mètres. On se regarde avec méfiance. L’artillerie donne des deux côtés ; on cherche à se démolir réciproquement, à faire sauter les tranchées ; (…) Ce qu’on voit sur le champ de bataille n’est pas beau : monceaux de corps mutilés, entassement de débris livides auxquels l’intensité de l’action qui se poursuit sans trêve dans ce secteur empêche de donner une sépulture convenable. Dans les boyaux, le pied heurte un cadavre à chaque pas…

Du haut de cette position élevée, en première ligne, le sous-lieutenant Joseph de Boury remplit les fonctions d’observateur chargé d’aider l’artillerie à régler ses tirs trop souvent imprécis, ce qui le rend particulièrement populaire auprès de la troupe. Mais l’atmosphère de la tranchée est viciée. Saisi par les fièvres, il refuse longtemps de se laisser évacuer, préférant rester auprès de ses hommes. Il meurt du typhus le 17 juin 1915 à l’hôpital militaire de Gondrecourt dans la Meuse, âgé de 25 ans, laissant derrière lui une veuve, et deux petites jumelles de un an, Bernadette et Geneviève.

Gadancourt, d’une guerre à l’autre

Veuve de guerre à vingt-trois ans, comme tant de femmes françaises, Béatrix de Boury reste fidèle à Joseph, dont elle est allée exhumer le corps à Gondrecourt afin qu’il puisse reposer dans le caveau familial. Elle choisit de ne pas se remarier, et se consacre à la gestion du domaine. Installés à demeure, ses parents lui apportent tout leur soutien. Le comte Gustave de Galembert sera maire de Gadancourt, jusqu’à sa mort en 1932.

En 1934, Geneviève de Boury épouse en l’église Saint Martin de Gadancourt, Yan, marquis de Keroüartz, tandis que Bernadette, une des premières femmes diplômées de Sciences-po, épouse en 1937 le baron Augustin de Meaux. Lieutenant d’aviation, il est le petit-fils du vicomte Camille de Meaux, deux fois ministre de l’Agriculture dans les premières années de la IIIe République, gendre du comte Charles de Montalembert, le grand orateur catholique.

Au retour de l’exode, Béatrix de Boury passe l’essentiel de la guerre à Gadancourt. Le château échappe à la réquisition par les Allemands. En revanche, en août 1944, lors des combats qui précèdent la libération, le village est sévèrement bombardé par les Américains depuis le village voisin de Cléry-en-Vexin. Tandis que les habitants trouvent refuge dans les caves du château, les toits mais aussi l’église voisine, sont sévèrement endommagés.

Carte de la résistance de Bernadette de Meaux, Seconde Guerre MondialeMembre de l’organisation « Comité d’action contre la déportation » (CAD) créé à l’été 1943 pour lutter contre le STO, Bernadette de Meaux travaille à fabriquer et acheminer des faux-papiers pour les réfractaires qui rejoignent la clandestinité. En mars 1944, elle est arrêtée par la police allemande et détenue pendant un mois à la prison de Fresnes. Relâchée faute de preuves, puis à nouveau recherchée, elle se cache d’abord avec son époux dans le Vexin, puis rejoint le Massif central et la demi-brigade Roussel, groupe Didier, au sein de laquelle elle participe aux combats de la libération dans l’Allier comme infirmière FFI, sous les ordres du commandant Privat (Didier dans la Résistance). Son engagement lui vaut d’être décorée de la croix de guerre, avec deux citations à l’ordre de la division, et de la Médaille de la Résistance (JO du 27 juillet 1947). Le préfet de Seine-et-Oise la nomme également à la présidence du comité de Libération de Gadancourt. Après la guerre, après s’être formée dans les ateliers d’André Lhote et de Paul Colin, elle poursuit une carrière d’artiste-peintre.

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